Voici ma petite histoire !! Je suis né dans une automobile ou presque. Mon père avait un atelier de carrosserie automobile. Il m'avait emmené voir en 1950 ma première course d'auto sur le circuit de l'Ile Arrault à Orléans, il y avait des 4 CV Renault et des racers 500. J'ai su tout de suite que c'était cela que je voulais faire. J'avais 7 ans. Au collège, j'avais déjà le goût des interdits tels que mettre en route la fraiseuse à la grande vitesse ou fabriquer en cachette des roues de maquette auto en acier. Il y avait dans la classe un certain CLENET, dont le frère fabriquera un peu plus tard des autos extravagantes CLENET et un autre (Jean Pierre LEROUX) dont le père n'aurait manqué aucune édition des 24 heures du Mans pour un empire. Pendant les retraites (c'était un collège religieux) j'apprenais par cœur tous les vainqueurs des Grands Prix depuis la guerre, dont le Grand Prix de Pescara gagné par une Gordini. Trop jeune pour les autos réelles, je confectionnais des maquettes et organisais une fois, un concours de pronostics pour les 24 heures du Mans 1958. Aux vacances scolaires, je bricolais un échappement sur ma Mobylette noire Gordini essayait pendant l'heure du repas sans casque, ni permis, les scooters qui étaient en réparation à l'atelier, tout en apprenant à manœuvrer les autos du garage (la DS 19 était bizarre). Qualifié pour l'opération Ford Jeunesse (avec des LOTUS SEVEN), je ne pus me présenter sur le circuit de Reims, tout en étant physiquement présent à quelques kilomètres de là (période militaire) et ce malgré une pétition signée par tous les autres jeunes gens. C'est finalement au service militaire que se fera le déclic avec la rencontre d'un autre ingénieur très orienté automobile, puisqu'il fera carrière chez Peugeot. Occuper une année à construire une monoplace, la faire rouler, construire une remorque tout en participant à un orchestre de jazz le samedi soir et en commençant à chercher un emploi, en semaine, à la fin du séjour, voilà qui n'était pas courant et explique sans doute la mansuétude des autorités militaires. La suite sera toujours une course entre le temps, l'argent, les performances, le goût du défi, technique ou sportif. Paradoxalement le bilan sportif est plutôt modeste car, vouloir courir à un haut niveau a entraîné des déceptions. Courir c'est aussi courir dans la vie : de Mars à Octobre, pendant la saison de course: - Décharger l'auto le lundi midi, l'examiner en détail le lundi soir - Commander les pièces cassées ou à réviser, - Remonter les pièces le mercredi et le jeudi, - Charger l'auto sur la remorque le jeudi soir pour être prêt à partir vers le prochain circuit dès le vendredi soir, Sans compter quelques entraînements en semaine, sur le circuit Bugatti ou à Magny Cours. Ceci devant aussi être compatible avec la vie professionnelle d'ingénieur dans une usine. La multiplication des expériences techniques, l'habitude de gérer d'une manière expéditive, de manager seul ont forgé avec de nombreuses déceptions sportives un moral d'acier qui a été utile professionnellement et personnellement dans diverses circonstances de la vie. Jean René POPOT P.S. Parmi les bons souvenirs de pilote, il y a cette qualification en 19ème position à MONZA, Dans la parabolique, célèbre virage qui précède la ligne droite des stands, je dérivais légèrement, un peu plus à ce tour là qu'aux précédents, et j'ai eu, un instant, en ligne de mire un photographe qui a cru que cela allait mal se terminer (je l'ai vu déguerpir). Tout cela a plus de 180 Km/h. Stirling MOSS disait qu'il pouvait repérer en course, les jolies filles parmi les spectateurs. Il y eut aussi, avec la TALBOT SUNBEAM TI, le record du tour sur le circuit du Castellet. Le moteur préparé par CASUBOLO était une bombe, les pneus avaient été meulés, bref, j'avais, pour une fois, les bons ingrédients au bon moment. En course, je n'ai pas vraiment pu trouver un partenaire pour faire le petit train que j'avais expérimenté quelques années plus tôt, lors de la Coupe AUDI - NSU, à ALBI. A deux, on va plus vite que tout seul, mais l'auto poussée est plutôt instable et il faut se « désaccoupler vite avant le virage ».... D'autres souvenirs de copilote, lors du Tour de France Auto 1978, lorsque les notes s'enchaînent bien et que le pilote fait de même, il y a là, une certaine jouissance presque musicale et conjugale.... De même, lors du PARIS DAKAR 1984, la surveillance constante du chrono et du kilométrage restant nous avaient permis, à BEAUJAN et moi, d'accéder à la 43ème place, Alors que d'autres plus rapides et n'ayant pas de pièces de rechange à transporter, s'étaient faits pièger...
Album photo associé : JEAN-RENE POPOT I
Album photo associé : JEAN-RENE POPOT II